Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tes démarches ; tout ceci me préoccupe beaucoup. — Pauvre esprit humain ! pauvre cœur de femme ! il faut toujours qu’ils s’agitent de quelque chose : hier, c’était le concours, — aujourd’hui, c’en est la suite, — Tâche de voir MM. Garnier et Burnouf ; sans les connaitre, j’ai une grande confiance en leur jugement ; n’ont-ils pas été les premiers à comprendre ce qu’il y a de supérieur et de distingué dans ton esprit, toi si modeste, toi qu’au premier instant il faut presque deviner ! je souffre en pensant qu’il te faudra peut-être t’éloigner de pareils hommes. — Au nom de notre amitié, mon Ernest, je te supplie une fois encore de ne pas t’imposer là-dessus de pénibles sacrifices. Consulte tes goûts, et pour le présent et pour l’avenir ; en le faisant tu seras bien certain de compléter les grandes joies que tu me donnes en ce moment et dont je te remercie avec une si rare et si vraie affection. O mon Ernest, que n’as-tu pas été dans ma vie ! Non, non, non, sois-en bien assuré, je n’ai jamais douté de toi !

J’ai reçu, très cher ami, le rapport de l’Académie ; ai-je besoin d’ajouter que ç’a été avec un bien sensible plaisir ? — Les barbares au milieu desquels je vis, avaient pesé cet imprimé comme si c’était une lettre, et me l’ont fait payer en conséquence ; mais n’importe, envoie-moi toujours le rapport de la commission du concours : j’obtiens de moi d'être économe en toutes choses, excepté quand il s’agit des joies qui me viennent de mon Ernest. — Le Journal des Débats a reproduit le