Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/26

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avant mon agrégation. J’en parlerai à M. Garnier et à M. Damiron que j’ai vu durant les vacances. Je vais aussi tâcher de voir bientôt M. Cousin, auquel il est indispensable de se présenter quand on se destine à la philosophie. Il n’était pas malheureusement de l’examen de licence.

Je n’oublie pas aussi, chère amie, que désormais mon titre me donne droit à une place dans l’Université. C’est une sécurité pour moi de songer qu’au premier jour où une nécessité quelconque viendrait m’obliger de mettre un terme à mon état actuel, je n’aurais qu’à envoyer requête au ministère pour recevoir un emploi suffisant à une vie honnête. Il y a plus : comme je suis le premier des licenciés de la dernière session qui soient actuellement disponibles (les deux premiers étant encore pour deux ans à l’École Normale, et le troisième ne se destinant pas à l’Université), je songe très sérieusement à faire immédiatement cette démarche, mais en faisant observer qu’il m’est impossible d’accepter pour la province, et que je me contenterai pour Paris d’une place bien inférieure à celle que je pourrais réclamer indépendamment de cette restriction. Mes études dans les langues orientales me serviront ici à merveille. J’oserais même espérer que M. Quatremère voudrait bien attester que j’ai fait des études spéciales dans cette partie, et cette simple attestation serait plus que suffisante. M. Reinaud, de la Bibliothèque Royale, excellent homme, qui m’a toujours témoigné beaucoup d’intérêt, ne me refuserait pas,