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MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Versailles, 25 juin 1849.

J’ai tardé deux ou trois jours à t’envoyer cette lettre, chère amie, parce que maman promettait dans sa dernière lettre de m’envoyer incessamment une lettre qu’elle doit t’écrire avec des nouvelles qu’elle attendait de madame Gaugain. Le tout serait parti ensemble ; mais la lettre de maman tardera peut-être, et tu me reprocherais de t’avoir privée plusieurs jours des nouvelles de ton amie. Je l’ai vue hier, et elle était presque remise d’une bronchite qui l’a tourmentée les jours derniers.

Que ce retour du fléau à Varsovie m’afflige, chère Henriette ! Quelles vont encore être mes transes ! Au nom du ciel, ne me cache rien, puisque par toi seule je puis savoir la vérité. Nos journaux ne m’apprennent rien sur ce point, le plus capital pour moi. Ah ! je te l’affirme, si le soin de tes élèves ne t’eût été en ce moment plus étroitement confié, nous eussions bien pressé ton retour. Mademoiselle Ulliac m’a parlé de je ne sais quels soins testamentaires dont tu traites dans ta dernière lettre, et cela m’a navré le cœur. Il est tout à fait impossible, chère amie, que tu restes plus longtemps dans ce malheureux pays