Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/395

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à chercher pour mes sensations une expression plus nette que le pure formule intérieure. Je me promène presque toujours seul : les visites de monuments, je les fais avec mes compagnons, je les ai priés une fois pour toutes de ne pas s’offenser de ce goût de la solitude, qu’il était devenu un besoin pour moi dans cette ville incomparable. La Bibliothèque du Vatican n’est pas la seule que nous explorions. Nous alternons suivant les jours ou suivant diverses opportunités, avec les bibliothèques de la Minerve, de la Chiesa Nuova, l’Angélique, la Corsinienne, la Barbérine, la Bibliothèque Albani, la Propagande. Nous avons trouvé à le Chiesa Nuova un homme vraiment admirable, qui est notre providence ; c’est le P. Theiner, homme d’une grande science et d’une belle élévation d’esprit ; Allemand de nation et de cœur, et jouissant à Rome de la plus haute considération. Nous lui étions recommandés par M. de Broglie : non seulement il a mis à notre disposition avec une libéralité rare tous les trésors de son monastère, ou nous avons fait une ample moisson ; mais il a voulu nous introduire dans toutes les autres bibliothèques particulières où il est fort connu. Le P. Theiner est à Rome un des types les plus beaux, les plus purs, les plus inattendus, et se connaissance n’est pas une des moins douces jouissances que j’ai trouvées en cette ville céleste. Le général Mollière, qui demeure au palais Albani, nous a aussi beaucoup servi. Le plus agréable service qu’il nous ait rendu est de nous avoir fait