Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/482

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désire de tout cœur que ce projet réussisse. Si Dieu prolonge mes jours, comme tout me permet de l’espérer, je passerai ce temps près de notre mère. — O mon Ernest, comprends-tu avec quelle vivacité je tends vers toi, avec quel cœur je désire le revoir ? Depuis que tu le rapproches de Venise, il me smble que je suis moins seule sur cette froide terre ; te sentir moins loin m’est déjà une joie. Cher, cher ami, en toi sont désormais toutes les miennes ; que suis-je encore par moi-même ? À toi de cœur, mon cher Ernest ; à toi de toute mon âme.

H. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie (Pologne).


Bologne, 8 mai 1850.

Je suis à Bologne depuis quelques heures, chère Henriette, tout absorbé par le nombreux courrier de douze lettres que j’y trouve poste restante, et surtout par celles qui te concernent, et dont les premières m’ont causé une indicible impression d’effroi. Et d’abord j’en trouve une de notre frère qui m’annonce que sous les dates du 1, du 2 et du 3 avril, il recevait de toi sur ta santé les nouvelles les plus affligeantes. Un post-scriptum ultérieur m’annonce qu’à la date du 9 tu étais a Varsovie, et que tu lui mandais des nouvelles