Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/512

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sentiel pour le moment, est de fixer l’époque de notre réunion. Il faut déterminer aussi le point où nous nous rencontrerons, c'est-à-dire l’hôtel ou je descendrai en arrivant, à moins que tu ne préfères que j’arrive quelques jours d’avance, de manière à ce que je puisse t’écrire dans le grand duché de Posen, et te dire où tu me trouveras. Tu régleras tout cela dans ta prochaine lettre, chère amie ; et moi dans ma réponse, je te donnerai les jours et les heures. Songe bien que c’est la dernière correspondance que nous échangerons de Paris avant notre réunion. Quand ce mot se retrouve sous ma plume, j’ose à peine croire à la réalité de ce que j’écris. Dans un mois, ma bien-aimée, irrévocablement dans un mois ! Cela me ravit tellement que j’oublie trop la triste cause qui accélère notre bonheur. Mon Dieu ! je me fais peut-être illusion sur ton état, et quand je cherche à scruter les termes de tes lettres, je ne les trouve pas toujours à la réflexion aussi rassurants que je voudrais. Alors j’ai de tristes retours. Mais pourtant il me semble tout à fait impossible qu’après notre réunion et notre retour à Paris, tu ne sois complètement guérie. Je t’en prie, dis-moi tout avec franchise, et s’il faut retarder en août et septembre, retardons ; alors je ferai mes affaires au ministère avant de partir, et cela serait même peut-être mieux. Enfin, ne considère qu’une seule chose, le bien de ta santé et les circonstances plus ou moins favorables de ton voyage.