Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/67

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mon travail, et qui peut-être ne tardera pas longtemps.

Ce n’est que le 15 de ce mois, chère amie, que j’en ai remis les dernières parties à M. Reinaud. C’est d’après son invitation même que j’ai tardé si longtemps. Aussitôt qu’il a vu les premiers cahiers, il m’a invité à achever sans me gêner ce qui me restait à faire, et j’en ai profité pour vider entièrement ma pensée sur ce sujet. Je n’ai strictement rien omis de ce que je voulais y insérer, et contre mon attente, je n’ai eu aucune élimination à opérer dans les innombrables paillettes que j’avais recueillies. Je ne puis t’exprimer la joie que j’ai éprouvée, chère amie, quand le lundi 15 mars, à trois heures du matin, j’ai complètement achevé ce premier-né de mon travail, qui m’a coûté trop de peine pour qu’il ne me soit pas bien cher. Appendices, additions, notes explicatives, tables analytiques, rien n’y manque, et quel qu’en soit le succès, j’aurai au moins la satisfaction d’avoir conduit à son complet achèvement une œuvre de patience. Il se compose de quatre cahiers, formant en tout mille cinq cent dix-huit pages, grand in-4o. Le titre sous lequel je l’ai fait inscrire est : Essai historique et théorique sur les langues sémitiques en général et la langue hébraïque en particulier. Après de longues hésitations, chère amie, je me suis décidé à y mettre mon nom en toutes lettres. Il est important que l’on sache qu’il existe quelqu’un capable d’exécuter sur la langue