Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/70

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celui d’un nom inconnu placé avant celui de M. Pillon, devenu si justement honorable. Dès les premiers instants, chère amie, M. Reinaud me témoigna la plus grande satisfaction de mon travail. Depuis, à mesure qu’il en prend une connaissance plus étendue, ses compliments deviennent de plus en plus flatteurs, et sont même quelquefois si significatifs que je serais tenté de concevoir des espérances qu’un instant après je traite de chimériques. Un seul point a suscité quelques nuages, je t’en parlerai tout à l’heure. Du reste, je le répète, il est impossible de recevoir de témoignages plus honorables d'un homme qui n'est pas prodigue d’expressions admiratives. Aujourd'hui surtout, il m’a dit très positivement que deux ouvrages seulement disputaient le prix, et a ajouté immédiatement : si vous remportiez, ce serait fort honorable à votre âge. Une autre question qu’il m’avait également adressée il y a quelques jours, et dont je ne vis pas d'abord toute la portée m’a semblé aussi très significative, rapprochée de ce qu’il ne cesse depuis de me répéter. Il me demanda quand je songeais à publier mon travail. — Je répondis que c’était une question sur laquelle je ne pouvais avoir rien d’arrêté, que très probablement je mettrais peu d’empressement à le faire. — Mais, ajouta-t-il vivement, l’Académie ne peut pas couronner un ouvrage qui serait destiné à rester indéfiniment en manuscrit. — A quoi je me hâtai de répondre qu’un jugement favorable de la part