Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/135

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ressemblait nullement au sien. Mon père était plutôt doux et mélancolique. Il me donna le jour vieux, au retour d’un long voyage. Dans les premières lueurs de mon être, j’ai senti les froides brumes de la mer, subi la bise du matin, traversé l’âpre et mélancolique insomnie du banc de quart.

IV

Je touchais par ma grand’mère maternelle à un monde de bourgeoisie beaucoup plus rangée. Ma bonne maman, comme je l’appelais, était un fort aimable modèle de la bourgeoisie d’autrefois. Elle avait été extrêmement jolie. Je l’ai connue dans ses dernières années gardant toujours la mode du moment où elle devint veuve. Elle tenait à sa classe, ne quitta jamais ses coiffes de bourgeoise, ne souffrit jamais d’être appelée que mademoiselle. Les dames nobles l’avaient en haute estime. Quand