Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/179

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20 mars.

On m’a cherchée pour me rendre auprès de mon petit chéri ; j’ai été obligée d’interrompre mon entretien avec vous. Je reprends, ma chère et bien bonne amie, pour vous exhorter à mettre en Dieu seul toute votre confiance ; il nous afflige, mais il nous console par l’espoir d’une récompense bien au delà et sans proportions avec ce que nous souffrons. Prenons courage ; nos peines, nos douleurs ne sont que pour un temps limité par sa providence, et la récompense sera éternelle.

La bonne Natalie m’a fait part de votre soumission, de votre patience et de votre résignation dans les peines les plus aiguës. Ah ! je vous reconnais bien à ces beaux sentiments ! Pas une plainte, me marque-t-elle, dans les plus grandes souffrances ! Combien, ma chère amie, vous êtes agréable et chère à Dieu par votre patience et votre résignation à sa sainte volonté ! Il vous afflige, car il châtie ceux qu’il aime. Être aimée de Dieu, y a-t-il un bonheur comparable ? Je vous envoie l’Âme sur le calvaire ; vous trouverez dans ce livre des motifs d’une bien grande consolation par l’exemple d’un Dieu souffrant et mourant pour nous. Madame D… aura la complaisance, si vous ne pouvez lire vous-même, de vous lire un chapitre par jour. Assurez-la bien de mon sincère attachement ; je la prie instamment de me donner de ses nouvelles et des