Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/180

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vôtres, ce que j’attends avec bien de l’impatience. Puis, si cela ne vous importune pas, je vous écrirai plus assidûment. Adieu, ma chère et bonne amie ; que Dieu vous comble de ses grâces et de ses bontés ! De la patience et du courage, ce sont les vœux bien sincères de votre toute dévouée amie.
Ve ***.

Ma communion d’aujourd’hui s’est faite à votre intention. Ma fille, Henriette, Ernest, qui a passé une bien meilleure nuit, se rappellent à votre souvenir, ainsi que Clara. Nous nous entretenons bien souvent de vous. De vos nouvelles, je vous en prie ! Lorsque vous aurez lu l’Âme sur le Calvaire, vous me le renverrez, et je vous ferai passer l’Esprit consolateur.

La lettre et le livre ne partirent point. Ma mère, qui était chargée de l’expédition, apprit la mort de Mademoiselle Guyon et garda la lettre. Quelques-unes des consolations qu’elle renferme peuvent paraître faibles. Mais en avons-nous de meilleures à offrir à une personne atteinte d’un cancer ? Elles valent bien le laudanum.

En réalité, la Révolution avait été non avenue pour le monde où je vivais. Les idées religieuses du peuple n’avaient pas été at-