Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/237

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de serviteurs capables, fut le contemporain et le coopérateur de Vincent de Paul, de Bérulle, d’Adrien de Bourdoise, du père Eudes, de Charles de Gondren, de ces fondateurs de congrégations ayant pour objet la réforme de l’éducation ecclésiastique, qui ont eu un rôle si considérable dans la préparation du XVIIe siècle. Rien n’égale l’abaissement des mœurs cléricales sous Henri IV et dans les commencements de Louis XIII. Le fanatisme de la Ligue, loin de servir à la règle des mœurs, avait beaucoup contribué au relâchement. On s’était tout permis, parce qu’on avait manié l’escopette et porté le mousquet pour la bonne cause. La verve gauloise du temps de Henri IV était peu favorable à la mysticité. Tout n’était pas mauvais dans la franche gaieté rabelaisienne qui, à cette époque, n’était pas tenue pour incompatible avec l’état ecclésiastique. À beaucoup d’égards, nous préférons la piété amusante et spirituelle de Pierre Camus, l’ami de François de Sales, à la tenue raide et guindée qui est devenue plus tard la règle du clergé français