Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/238

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et a fait de lui une sorte d’armée noire à part du monde et en guerre avec lui. Mais il est certain que, vers 1640, l’éducation du clergé n’était pas au niveau de l’esprit de règle et de mesure qui devenait de plus en plus la loi du siècle. Des côtés les plus divers on appelait la réforme. François De Sales avouait n’avoir pas réussi dans cette tâche. Il disait à Bourdoise : « Après avoir travaillé pendant dix-sept ans à former seulement trois prêtres tels que je les souhaitais pour m’aider à réformer le clergé de mon diocèse, je n’ai réussi à en former qu’un et demi. » Alors apparaissent les hommes d’une piété grave et raisonnable que je nommais tout à l’heure. Par des congrégations d’un type nouveau, distinct des anciennes règles monacales et imité en quelques points des jésuites, ils créent le séminaire, c’est-à-dire la pépinière soigneusement murée où se forment les jeunes clercs. La transformation fut profonde. De l’école de ces grands maîtres de la vie spirituelle sort ce clergé d’une physionomie si particulière, le plus discipliné, le plus régulier, le plus na-