Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/252

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tact pratique très sûr. Ils voyaient le danger d’être plus royalistes que le roi et savaient qu’on passe facilement d’un excès à l’autre. Des hommes moins détachés qu’eux de tout amour-propre auraient triomphé le jour où le maître de ces brillants paradoxes, Lamennais, qui les avait presque argués d’hérésie et de froideur pour le saint-siège, devint lui-même hérétique et se mit à traiter l’Église de Rome de tombeau des âmes et de mère d’erreurs. Ce qui est vieux doit rester vieux ; comme tel, il est respectable ; rien de plus choquant que de voir l’homme d’un autre âge dissimuler ses allures et prendre les modes des jeunes gens.

C’est par ce franc aveu des choses que Saint-Sulpice représente en religion quelque chose de tout à fait honnête. À Saint-Sulpice, nulle atténuation des dogmes de l’écriture n’était admise ; les Pères, les conciles et les docteurs y paraissaient les sources du christianisme. On n’y prouvait pas la divinité de Jésus-Christ par Mahomet ou par la bataille de Marengo. Ces pantalonnades théologiques, qu’on faisait applaudir à notre-dame, à force d’aplomb et