Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/267

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il ne faut jamais dire citoyen à un prêtre. » Il est impossible d’imaginer une plus charmante affabilité, une aménité plus exquise. Il n’avait que le souffle et il atteignit la vieillesse par des prodiges de soin et de sobre hygiène. Sa jolie petite figure, maigre et fine, son corps fluet, remplissant mal les plis de sa soutane, sa propreté raffinée, fruit d’une éducation datant de l’enfance, le creux de ses tempes se dessinant agréablement sous la petite calotte de soie flottante qu’il portait toujours, formaient un ensemble très distingué.

M. Gosselin était un érudit plutôt qu’un théologien. Sa critique était sûre dans les limites d’une orthodoxie dont il ne discuta jamais sérieusement les titres ; sa placidité, absolue. Il a composé une Histoire littéraire de Fénelon, qui est un livre fort estimé. Son traité du pouvoir du pape sur les souverains au moyen âge[1] est plein de recherches. C’était le temps où les écrits de Voigt et de Hurter révélèrent aux yeux des catholiques la grandeur

  1. Première édition, 1839 ; deuxième édition, fort augmentée, 1845.