Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/274

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présente comme un fait historique surnaturel. C’est par les sciences historiques qu’on peut établir (et, selon moi, d’une manière péremptoire) que ce fait n’a pas été surnaturel et que, même, il n’y a jamais eu de fait surnaturel. Ce n’est point par un raisonnement a priori que nous repoussons le miracle ; c’est par un raisonnement critique ou historique. Nous prouvons sans peine qu’il n’arrive pas de miracles au XIXe siècle, et que les récits d’événements miraculeux donnés comme ayant eu lieu de nos jours reposent sur l’imposture ou la crédulité. Mais les témoignages qui établissent les prétendus miracles du XVIIIe, du XVIIe, du XVIe siècle, ou bien ceux du moyen âge, sont plus faibles encore, et on peut en dire autant des siècles antérieurs ; car plus on s’éloigne, plus la preuve d’un fait surnaturel devient difficile à fournir. Pour bien comprendre cela, il faut avoir l’habitude de la critique des textes et de la méthode historique ; or voilà ce que les mathématiques ne donnent en aucune façon. N’a-t-on pas vu, de nos jours, un mathématicien éminent tomber dans des illusions