Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la familiarité la plus élémentaire avec les sciences historiques lui aurait appris à éviter ?

La foi vive de M. Pinault le porta vers le sacerdoce. Il fit peu de théologie ; on se contenta pour lui d’un minimum, et on l’appliqua tout d’abord aux cours de sciences, qui, dans le cadre des études ecclésiastiques, sont l’accompagnement nécessaire des deux années de philosophie. À Saint-Sulpice de Paris, avec sa nullité théologique et son ardente imagination mystique, il eût paru étrange. Mais, à Issy, en contact avec de tout jeunes gens qui n’avaient pas étudié les textes, il acquit bien vite une influence considérable. Il fut le chef de ceux qu’entraînait une ardente piété, des « mystiques », comme on les appelait. Il était leur directeur à tous ; cela faisait une coterie à part, une sorte d’école d’où les profanes étaient exclus et qui avait ses hauts secrets. Un auxiliaire très puissant de ce parti était le concierge laïque de la maison, celui qu’on appelait le père Hanique. J’étonne toujours les réalistes quand je leur dis que j’ai vu de mes yeux un type que leur connaissance