Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/302

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et par le collège de boursiers qu’on appelait les robertins. Le bâtiment primitif disparut à l’époque de la Révolution. La chapelle, dont le plafond passait pour le chef-d’œuvre de Lebrun, a été détruite, et, de toute l’ancienne maison, il ne reste qu’un tableau de Lebrun représentant la Pentecôte d’une façon qui étonnerait l’auteur des Actes des apôtres. La Vierge y est au centre et reçoit pour son compte tout l’effluve du Saint-esprit, qui, d’elle, se répand sur les apôtres. Sauvé à la Révolution, puis compris dans la galerie du cardinal Fesch, ce tableau a été racheté par la compagnie de Saint-Sulpice ; il orne aujourd’hui la chapelle du séminaire.

À part les murs et les meubles, tout est ancien à Saint-Sulpice ; on s’y croit complètement au XVIIe siècle. Le temps et les communes défaites ont effacé bien des différences. Saint-Sulpice cumule aujourd’hui les choses autrefois les plus dissemblables ; si l’on veut voir ce qui, de nos jours, rappelle le mieux Port-Royal, l’ancienne Sorbonne et, en général, les institutions du vieux clergé de France,