Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/303

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c’est là qu’il faut aller. Quand j’entrai au séminaire Saint-Sulpice, en 1843, il y avait encore quelques directeurs qui avaient vu M. Émery ; il n’y en avait, je crois, que deux qui eussent des souvenirs d’avant la Révolution. M. Hugon avait servi d’acolyte au sacre de M. de Talleyrand à la chapelle d’Issy, en 1788. Il paraît que, pendant la cérémonie la tenue de l’abbé de Périgord fut des plus inconvenantes. M. Hugon racontait qu’il s’accusa, le samedi suivant, en confession, « d’avoir formé des jugements téméraires sur la piété d’un saint évêque ». Quant au supérieur général, M. Garnier, il avait plus de quatre-vingts ans. C’était en tout un ecclésiastique de l’ancienne école. Il avait fait ses études aux robertins, puis à la Sorbonne. Il semblait en sortir, et, à l’entendre parler de « monsieur Bossuet », de « monsieur Fénelon[1] », on se serait cru devant un disciple immédiat de ces grands hommes. Ces ecclé-

  1. Qu’il me soit permis à ce sujet de faire une remarque. On s’est habitué, de notre temps, à mettre monseigneur devant un nom propre, à dire monseigneur Dupanloup,