Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/309

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semble à plaisir rétrécir le champ de défense de l’apologétique. Il ne faut pas nier, d’un autre côté, que la nouvelle école ne soit à quelques égards plus ouverte, plus conséquente, et qu’elle ne tienne, surtout de son commerce avec l’Allemagne, des éléments de discussion qu’ignoraient absolument les vieux traités de Locis theologicis. Dans cette voie pleine d’imprévu et, si l’on veut, de périls, Saint-Sulpice n’a été représenté que par un seul homme ; mais cet homme fut certainement le sujet le plus remarquable que le clergé français ait produit de nos jours ; je veux parler de M. Le Hir. Je l’ai connu à fond, comme on le verra tout à l’heure. Pour comprendre ce qui va suivre, il faut être très versé dans les choses de l’esprit humain et en particulier dans les choses de la foi.

M. Le Hir était un savant et un saint ; il était éminemment l’un et l’autre. Cette cohabitation dans une même personne de deux entités qui ne vont guère ensemble se faisait chez lui sans collision trop sensible ; car le saint l’emportait absolument et régnait en maître. Pas une des