Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/380

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tions qui ne pouvaient plus avoir d’agrément ni de fruit que pour moi seul.

Dans l’ordre des idées critiques, je cédai également le moins possible, et c’est ce qui fait que, tout en étant rationaliste sans réserve, j’ai néanmoins plus d’une fois paru un conservateur dans les discussions relatives à l’âge et à l’authenticité des textes. La première édition de mon Histoire générale des langues sémitiques contient ainsi, en ce qui concerne l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques, des faiblesses pour les opinions traditionnelles que j’ai depuis successivement éliminées. Dans mes Origines du christianisme, au contraire, cette réserve m’a bien guidé ; car, dans ce travail, je me suis trouvé en présence d’une école exagérée, celle des protestants de Tubingue, esprits sans tact littéraire et sans mesure, auxquels, par la faute des catholiques, les études sur Jésus et l’âge apostolique se sont trouvées presque exclusivement abandonnées. Quand la réaction viendra contre cette école, on trouvera peut-être que ma critique, d’origine catholique et successivement