Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/384

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des mœurs. Je vais m’examiner sur ces quatre points, non pour relever le moins du monde mes propres mérites, mais pour fournir à ceux qui professent la philosophie du doute aimable l’occasion de faire, à mes dépens, quelques-unes de leurs fines observations.

1. ― La pauvreté est celle des vertus de la cléricature que j’ai le mieux gardée. M. Olier avait fait faire dans son église un tableau où Saint-Sulpice établissait la règle fondamentale de ses clercs : Habentes alimenta et quibus tegamur, his contenti sumus. Voilà bien ma règle. Mon rêve serait d’être logé, nourri, vêtu, chauffé, sans que j’eusse à y penser, par quelqu’un qui me prendrait à l’entreprise et me laisserait toute ma liberté. Le régime qui s’établit pour moi le jour où j’entrai « au pair » dans la petite pension du faubourg Saint-Jacques devait être la base économique de toute ma vie. Une ou deux leçons particulières me permettaient de ne pas toucher aux douze cents francs de ma sœur. C’était bien la règle que j’avais vue observée par mes maîtres de Tréguier et de Saint-Sulpice : Victum et