Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/404

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dupe ? Si les gens de goût me reprochent de m’être montré fils de mon siècle en prétendant ne pas l’être, je les prie d’être bien persuadés au moins que cela ne m’arrivera plus.

Claudite jam rivos, pueri ; sat prata biberunt.

Il me reste trop de choses à faire pour que je m’amuse désormais à un jeu que plusieurs taxeront de frivole. Ma famille maternelle de Lannion, du côté de laquelle vient mon tempérament, a offert beaucoup de cas de longévité ; mais des troubles persistants me portent à croire que l’hérédité sera dérangée en ce qui me concerne. Dieu soit loué, si c’est pour m’épargner des années de décadence et d’amoindrissement, qui sont la seule chose dont j’aie horreur ! Le temps qui peut me rester à vivre, en tout cas, sera consacré à des recherches de pure vérité objective. Si ces lignes étaient les dernières confidences que j’échange avec le public, qu’il me permette de le remercier de la façon intelligente et sympathique dont il m’a soutenu. Autrefois toute la faveur à laquelle pouvait aspirer l’homme qui maintenait sa