Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/177

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binant avec la croyance au Messie et avec la doctrine d’un prochain renouvellement de toute chose, le dogme de la résurrection forma la base de ces théories apocalyptiques qui, sans être des articles de foi (le sanhédrin orthodoxe de Jérusalem ne semble pas les avoir adoptées), couraient dans toutes les imaginations et produisaient d’un bout à l’autre du monde juif une fermentation extrême. L’absence totale de rigueur dogmatique faisait que des notions fort contradictoires pouvaient être admises à la fois, même sur un point aussi capital. Tantôt le juste devait attendre la résurrection[1], tantôt il était reçu dès le moment de sa mort dans le sein d’Abraham[2]. Tantôt la résurrection était générale[3], tantôt elle était réservée aux seuls fidèles[4]. Tantôt elle supposait une terre renouvelée et une nouvelle Jérusalem, tantôt elle impliquait un anéantissement préalable de l’univers.

Jésus, dès qu’il eut une pensée, entra dans la brûlante atmosphère que créaient en Palestine les idées que nous venons d’exposer. Ces idées ne s’enseignaient à aucune école ; mais elles étaient dans l’air,

  1. Jean, xi, 24
  2. Luc, xvi, 22. Cf. De rationis imp., 13, 16, 18.
  3. Dan., xii, 2.
  4. II Macch., vii, 14.