Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/234

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petite-fille d’Hérode le Grand. Violente, ambitieuse, passionnée, elle détestait le judaïsme et méprisait ses lois[1]. Elle avait été mariée, probablement malgré elle, à son oncle Hérode, fils de Mariamne[2], qu’Hérode le Grand avait déshérité[3], et qui n’eut jamais de rôle public. La position inférieure de son mari, à l’égard des autres personnes de sa famille, ne lui laissait aucun repos ; elle voulait être souveraine à tout prix[4]. Antipas fut l’instrument dont elle se servit. Cet homme faible, étant devenu éperdument amoureux d’elle, lui promit de l’épouser et de répudier sa première femme, fille de Hâreth, roi de Pétra et émir des tribus voisines de la Pérée. La princesse arabe, ayant eu vent de ce projet, résolut de fuir. Dissimulant son dessein, elle feignit de vouloir faire un voyage à Machéro, sur les terres de son père, et s’y fit conduire par les officiers d’Antipas[5].

Makaur[6] ou Machéro était une forteresse colos-

  1. Jos., Ant., XVIII, v, 4.
  2. Matthieu (xiv, 3, dans le texte grec) et Marc (vi, 17) veulent que ce soit Philippe ; mais c’est là certainement une inadvertance (voir Josèphe, Ant., XVIII, v, 1 et 4). La femme de Philippe était Salomé, fille d’Hérodiade.
  3. Jos., Ant., XVII, iv, 2.
  4. Jos., Ant., XVIII, vii, 1, 2 ; B. J., II, ix, 6.
  5. Jos., Ant., XVIII, v, 1.
  6. Cette forme se trouve dans le Talmud de Jérusalem (Sche-,