Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Jean se retrouvent textuellement dans ses discours[1]. Les deux écoles paraissent avoir vécu longtemps en bonne intelligence[2] et, après la mort de Jean, Jésus, comme confrère affidé, fut un des premiers averti de cet événement[3].

Jean fut bientôt arrêté dans sa carrière prophétique. Comme les anciens prophètes juifs, il était, au plus haut degré, frondeur des puissances établies[4]. La vivacité extrême avec laquelle il s’exprimait sur leur compte ne pouvait manquer de lui susciter des embarras. En Judée, Jean ne paraît pas avoir été inquiété par Pilate ; mais, dans la Pérée, au delà du Jourdain, il tombait sur les terres d’Antipas. Ce tyran s’inquiéta du levain politique mal dissimulé dans les prédications de Jean. Les grandes réunions d’hommes formées par l’enthousiasme religieux et patriotique autour du baptiste avaient quelque chose de suspect[5]. Un grief tout personnel vint, d’ailleurs, s’ajouter à ces motifs d’État et rendit inévitable la perte de l’austère censeur.

Un des caractères le plus fortement marqués de cette tragique famille des Hérodes, était Hérodiade,

  1. Matth., iii, 7 ; xii, 34 ; xxiii, 33.
  2. Ibid., xi, 2-13.
  3. Ibid., xiv, 12.
  4. Luc, iii, 19.
  5. Jos., Ant., XVIII, v, 2.