Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/241

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teurs ne font pas ce qu’ils ordonnent aux autres de faire. Les justes sont persécutés, et l’unique partage des bons est de pleurer. Le « monde » est de la sorte l’ennemi de Dieu et de ses saints[1] ; mais Dieu se réveillera et vengera ses saints. Le jour est proche ; car l’abomination est à son comble. Le règne du bien aura son tour.

L’avénement de ce règne du bien sera une grande révolution subite. Le monde semblera renversé ; l’état actuel étant mauvais, pour se représenter l’avenir, il suffit de concevoir à peu près le contraire de ce qui existe. Les premiers seront les derniers[2]. Un ordre nouveau régira l’humanité. Maintenant, le bien et le mal sont mêlés comme l’ivraie et le blé dans un champ ; le maître les laisse croître ensemble ; mais l’heure de la séparation violente arrivera[3]. Le royaume de Dieu sera comme un grand coup de filet, qui amène du bon et du mauvais poisson ; on met le bon dans des jarres, et on se débarrasse du reste[4]. Le germe de cette grande révolution sera

  1. Jean, i, 10 ; vii, 7 ; xiv, 17, 22, 27 ; xv, 18 et suiv. ; xvi, 8, 20, 33 ; xvii, 9, 14, 16, 25. Cette nuance du mot « monde » est surtout caractérisée dans les écrits de Paul et dans ceux qu’on attribue à Jean.
  2. Matth., xix, 30 ; xx, 16 ; Marc, x, 31 ; Luc, xiii, 30.
  3. Matth., xiii, 24 et suiv.
  4. Ibid., xiii, 47 et suiv.