Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/253

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grand signe du Messie, c’est « la bonne nouvelle annoncée aux pauvres[1] ». La nature idyllique et douce de Jésus reprenait ici le dessus. Une immense révolution sociale, où les rangs seront intervertis, où tout ce qui est officiel en ce monde sera humilié, voilà son rêve. Le monde ne le croira pas ; le monde le tuera. Mais ses disciples ne seront pas du monde[2]. Ils seront un petit troupeau d’humbles et de simples, qui vaincra par son humilité même. Le sentiment qui a fait de « mondain » l’antithèse de « chrétien » a, dans les pensées du maître, sa pleine justification[3].

    xxii, 2 et suiv. ; Marc, x, 14-15, 23-25 ; Luc, i, 51-53 ; iv, 18 et suiv. ; vi, 20 ; xiii, 30 ; xiv, 11 ; xviii, 14, 16-17, 24-25.

  1. Matth., xi, 5.
  2. Jean, xv, 19 ; xvii, 14, 16.
  3. Voir surtout le chapitre xvii de Jean, exprimant, non un discours réel tenu par Jésus, mais un sentiment qui était très-profond chez ses disciples et qui sortait légitimement des leçons du fondateur.