Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/300

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Jésus, dont les relations avec les esséniens sont très-difficiles à préciser (les ressemblances, en histoire, n’impliquant pas toujours des relations), était ici certainement leur frère. La communauté des biens fut quelque temps de règle dans la société nouvelle[1]. L’avarice était le péché capital[2] ; or, il faut bien remarquer que le péché d’« avarice », contre lequel la morale chrétienne a été si sévère, était alors le simple attachement à la propriété. La première condition pour être disciple parfait de Jésus était de réaliser sa fortune et d’en donner le prix aux pauvres. Ceux qui reculaient devant cette extrémité n’entraient pas dans la communauté[3]. Jésus répétait souvent que celui qui a trouvé le royaume de Dieu doit l’acheter au prix de tous ses biens, et qu’en cela il fait encore un marché avantageux. « L’homme qui a découvert l’existence d’un trésor dans un champ, disait-il, sans perdre un instant, vend ce qu’il possède et achète le champ. Le joaillier qui a trouvé une perle inestimable fait argent de tout et achète la perle[4]. » Hélas ! les inconvénients

  1. Act., iv, 32, 34-37 ; v, 1 et suiv.
  2. Matth., xiii, 22 ; Luc, xii, 15 et suiv.
  3. Matth., xix, 21 ; Marc, x, 21 et suiv., 29-30 ; Luc, xviii, 22, 23, 28.
  4. Matth., xiii, 44-46.