les sanctuaires, assistait froid et presque railleur à la ferveur du pèlerin venu de loin. Les Galiléens parlaient un patois assez corrompu ; leur prononciation était vicieuse ; ils confondaient les diverses aspirations, ce qui amenait des quiproquo dont on riait beaucoup[1]. En religion, on les tenait pour ignorants et peu orthodoxes[2] ; l’expression « sot Galiléen » était devenue proverbiale[3]. On croyait (non sans raison) que le sang juif était chez eux très-mélangé, et il passait pour constant que la Galilée ne pouvait produire un prophète[4]. Placés ainsi aux confins du judaïsme et presque en dehors, les pauvres Galiléens n’avaient pour relever leurs espérances qu’un passage d’Isaïe assez mal interprété[5] : « Terre de Zabulon et terre de Nephthali, Voie de la mer[6], Galilée des gentils ! Le peuple qui marchait dans l’ombre a
- ↑ Matth., xxvi, 73 ; Marc, xiv, 70 ; Act., ii, 7 ; Talm. de Bab., Erubin, 53 a et suiv. ; Bereschith rabba, 26 c.
- ↑ Passage du traité Erubin, précité ; Mischna, Nedarim, ii, 4 ; Talm. de Jér., Schabbath, xvi, sub fin. ; Talm. de Bab., Baba bathra, 25 b.
- ↑ Erubin, loc. cit., 53 b.
- ↑ Jean, vii, 52. L’exégèse moderne a prouvé que deux ou trois prophètes sont nés en Galilée ; mais les raisonnements par lesquels elle le prouve étaient inconnus du temps de Jésus. Pour Élie, par exemple, voyez Jos., Ant., VIII, xiii, 2.
- ↑ Is., ix, 1-2 ; Matth., iv, 13 et suiv.
- ↑ Voir ci-dessus, p. 167, note 2.