Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/338

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vu une grande lumière ; le soleil s’est levé pour ceux qui étaient assis dans les ténèbres. » La renommée de la ville natale de Jésus paraît avoir été particulièrement mauvaise. C’était, dit-on, un proverbe populaire : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth[1] ? »

La profonde sécheresse de la nature aux environs de Jérusalem devait ajouter au déplaisir de Jésus. Les vallées y sont sans eau ; le sol est aride et pierreux. Quand l’œil plonge dans la dépression de la mer Morte, la vue a quelque chose de saisissant : ailleurs, elle est monotone. Seule, la colline de Mizpa, avec ses souvenirs de la plus vieille histoire d’Israël, soutient le regard. La ville présentait, du temps de Jésus, à peu près la même assise qu’aujourd’hui. Elle n’avait guère de monuments anciens, car, jusqu’aux Asmonéens, les Juifs étaient restés presque étrangers à tous les arts ; Jean Hyrcan avait commencé à l’embellir, et Hérode le Grand en avait fait une ville magnifique. Les constructions hérodiennes le disputent aux plus achevées de l’antiquité par leur caractère grandiose, par la perfection de l’exécution et la beauté des matériaux[2]. Une foule de tombeaux

  1. Jean, i, 46 (faible autorité).
  2. Jos., Ant., XV, viii-xi ; B. J., V, v, 6 : Marc, xiii, 1-2.