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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/339

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d’un goût original, s’élevaient vers le même temps aux environs de Jérusalem[1]. Le style de ces monuments était le style grec, approprié aux usages des Juifs, et considérablement modifié selon leurs principes. Les ornements de sculpture vivante, que les Hérodes se permettaient, au grand mécontentement des rigoristes, en étaient bannis ; on les remplaçait par une décoration végétale. Le goût des anciens habitants de la Phénicie et de la Palestine pour les constructions monolithes taillées sur la roche vive semblait revivre en ces singuliers tombeaux découpés dans le rocher, et où les ordres grecs sont si bizarrement appliqués à une architecture de troglodytes. Jésus, qui envisageait les ouvrages d’art comme un pompeux étalage de vanité, voyait tous ces monuments de mauvais œil[2]. Son spiritualisme absolu et son opinion arrêtée que la figure du vieux monde allait passer ne lui laissaient de goût que pour les choses du cœur.

Le temple, à l’époque de Jésus, était tout neuf, et

  1. Tombeaux dits des Juges, d’Absalom, de Zacharie, de Josaphat, de saint Jacques. Comparez la description du tombeau des Macchabées à Medin (I Macch., xiii, 27 et suiv.).
  2. Matth., xxiii, 29 ; xxiv, 1 et suiv. ; Marc, xiii, 1 et suiv. : Luc, xxi, 5 et suiv. Comparez Livre d’Hénoch, xcvii, 13-14 ; Talmud de Babylone, Schabbath, 33 b.