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CHAPITRE XIV.


RAPPORTS DE JÉSUS AVEC LES PAÏENS ET LES SAMARITAINS.


Conséquent à ces principes, il dédaignait tout ce qui n’était pas la religion du cœur. Les vaines pratiques des dévots[1], le rigorisme extérieur, qui se fie pour le salut à des simagrées, l’avaient pour mortel ennemi. Il se souciait peu du jeûne[2]. Il préférait l’oubli d’une injure au sacrifice[3]. L’amour de Dieu, la charité, le pardon réciproque, voilà toute sa loi[4]. Rien de moins sacerdotal. Le prêtre, par état, pousse toujours au sacrifice public, dont il est le ministre obligé ; il détourne de la prière privée, qui est un moyen de se passer de lui. On chercherait vainement dans l’Évangile une pratique religieuse recom-

  1. Matth., xv, 9.
  2. Ibid., ix, 14 ; xi, 19.
  3. Ibid., v, 23 et suiv. ; ix, 13 ; xii, 7.
  4. Ibid., xxii, 37 et suiv. : Marc, xii, 29 et suiv. ; Luc, x, 25 et suiv.