Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/360

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ni la savante organisation du judaïsme proprement dit, était traitée par les Hiérosolymites avec une extrême dureté[1]. On la mettait sur la même ligne que les païens, avec un degré de haine de plus[2]. Jésus, par une sorte d’opposition, était bien disposé pour elle. Souvent il préfère les Samaritains aux Juifs orthodoxes. Si, dans d’autres cas, il semble défendre à ses disciples d’aller les prêcher, réservant son Évangile pour les Israélites purs[3], c’est là encore, sans doute, un précepte de circonstance, auquel les apôtres auront donné un sens trop absolu. Quelquefois, en effet, les Samaritains le recevaient mal, parce qu’ils le supposaient imbu des préjugés de ses coreligionnaires[4] ; de la même façon que de nos jours l’Européen libre penseur est envisagé comme un ennemi par le musulman, qui le croit toujours un chrétien fanatique. Jésus savait se mettre au-dessus de ces malentendus[5]. Il eut, à ce qu’il paraît, plusieurs disciples à Sichem, et il y passa au moins

  1. Ecclésiastique, l, 27-28 ; Jean, viii, 48 ; Jos., Ant., IX, xiv, 3 ; XI, viii, 6 ; XII, v, 5 ; Talm. de Jérus., Aboda zara, v, 4 ; Pesachim, i, 1.
  2. Matth., x, 5 ; Luc, xvii, 18. Comp. Talm. de Bab., Cholin, 6 a.
  3. Matth., x, 5-6.
  4. Luc, ix, 53.
  5. Ibid., ix, 56.