Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’équité[1], celles de Jésus, fils de Sirach, faisant consister le culte dans la pratique du bien[2], étaient oubliées ou anathématisées[3]. Schammaï, avec son esprit étroit et exclusif, l’avait emporté. Une masse énorme de « traditions » avait étouffé la Loi[4], sous prétexte de la protéger et de l’interpréter. Sans doute, ces mesures conservatrices avaient eu leur côté utile ; il est bon que le peuple juif ait aimé sa Loi jusqu’à la folie, puisque cet amour frénétique, en sauvant le mosaïsme sous Antiochus Épiphane et sous Hérode, a gardé le levain nécessaire à la production du christianisme. Mais, prises en elles-mêmes, les vieilles précautions dont il s’agit n’étaient que puériles. La synagogue, qui en avait le dépôt, n’était plus qu’une mère d’erreurs. Son règne était fini, et pourtant lui demander d’abdiquer, c’était lui demander ce qu’une puissance établie n’a jamais fait ni pu faire.

Les luttes de Jésus avec l’hypocrisie officielle étaient continues. La tactique ordinaire des réformateurs qui apparaissent dans l’état religieux que nous

  1. Talm. de Bab., Schabbath, 31 a ; Joma, 35 b.
  2. Eccli., xvii, 21 et suiv. ; xxxv, 1 et suiv.
  3. Talm. de Jérus., Sanhédrin, xi, 1 ; Talm. de Bab., Sanhédrin, 100 b.
  4. Matth., xv, 2.