Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/516

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Chaque minute, à ce moment, devient solennelle et a compté plus que des siècles entiers dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes arrivés au jeudi, 13 de nisan (2 avril). C’était le lendemain soir que commençait la fête de Pâque, par le festin où l’on mangeait l’agneau. La fête se continuait les sept jours suivants, durant lesquels on mangeait les pains azymes. Le premier et le dernier de ces sept jours avaient un caractère particulier de solennité. Les disciples étaient déjà occupés des préparatifs pour la fête[1]. Quant à Jésus, on est porté à croire qu’il connaissait la trahison de Judas, et qu’il se doutait du sort qui l’attendait. Le soir, il fit avec ses disciples son dernier repas. Ce n’était pas le festin rituel de la Pâque, comme on l’a supposé plus tard, en commettant une erreur d’un jour[2] ; mais, pour l’Église

  1. Matth., xxvi, 1 et suiv. ; Marc, xiv, 12 ; Luc, xxii, 7 ; Jean, xiii, 29.
  2. C’est le système des synoptiques (Matth., xxvi, 17 et suiv. ; Marc, xiv, 12 et suiv. ; Luc, xxii, 7 et suiv., 15), et, par conséquent, celui de Justin (Dial. cum Tryph., 17, 88, 97, 100, 111). Le quatrième Évangile, au contraire, suppose formellement que Jésus mourut le jour même où l’on mangeait l’agneau (xiii, 1-2, 29 ; xviii, 28 ; xix, 14, 31). Le Talmud, faible autorité assurément en une telle question, fait aussi mourir Jésus « la veille de Pâque » (Talm. de Bab., Sanhédrin, 43 a, 67 a). Une objection très-grave contre cette opinion résulte de ce que, dans la seconde moitié du iie siècle, les Églises d’Asie Mineure professant sur la Pâque une