Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/552

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On arriva enfin à la place des exécutions. Selon l’usage juif, on offrit à boire aux patients un vin fortement aromatisé, boisson enivrante, que, par un sentiment de pitié, on donnait au condamné pour l’étourdir[1]. Il paraît que souvent les dames de Jérusalem apportaient elles-mêmes aux infortunés qu’on menait au supplice ce vin de la dernière heure ; quand aucune d’elles ne se présentait, on l’achetait sur les fonds de la caisse publique[2]. Jésus, après avoir effleuré le vase du bout des lèvres, refusa de boire[3]. Ce triste soulagement des condamnés vulgaires n’allait pas à sa haute nature. Il préféra quitter la vie dans la parfaite clarté de son esprit, et attendre avec une pleine conscience la mort qu’il avait voulue et appelée. On le dépouilla alors de ses vêtements[4], et on l’attacha à la croix. La croix se composait de deux poutres liées en forme de T[5]. Elle était peu

    y prête à Jésus n’ont pu lui être attribuées qu’après le siége de Jérusalem.

  1. Talm. de Bab., Sanhédrin, fol. 43 a ; Nicolas de Lire, In Matth., xxvii, 34. Comp. Prov., xxxi, 6.
  2. Talm. de Bab., Sanhédrin, l. c.
  3. Marc, xv, 23. Matth., xxvii, 34, fausse ce détail, pour obtenir une allusion messianique au Ps. lxix, 22.
  4. Matth., xxvii, 35 ; Marc, xv, 24 ; Jean, xix, 23. Cf. Artémidore, Onirocr., II, 53.
  5. Epist. Barnabæ, 9 ; Lucien, Jud. voc., 12. Comparez le cru-