Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/57

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que ce livre ne soit le fruit de la grande exaltation produite chez les Juifs par la persécution d’Antiochus. Ce n’est pas dans la vieille littérature prophétique qu’il faut le classer ; sa place est en tête de la littérature apocalyptique, comme premier modèle d’un genre de composition où devaient prendre place après lui les divers poèmes sibyllins, le livre d’Hénoch, l’Assomption de Moïse, l’Apocalypse de Jean, l’Ascension d’Isaïe, le quatrième livre d’Esdras.

Dans l’histoire des origines chrétiennes, on a jusqu’ici beaucoup trop négligé le Talmud. Je pense, avec M. Geiger, que la vraie notion des circonstances où se produisit Jésus doit être cherchée dans cette compilation bizarre, où tant de précieux renseignements sont mêlés à la plus insignifiante scolastique. La théologie chrétienne et la théologie juive ayant suivi au fond deux marches parallèles, l’histoire de l’une ne peut être bien comprise sans l’histoire de l’autre. D’innombrables détails matériels des Évangiles trouvent, d’ailleurs, leur commentaire dans le Talmud. Les vastes recueils latins de Lightfoot, de Schœttgen, de Buxtorf, d’Otho, contenaient déjà à cet égard une foule de renseignements. Je me suis imposé de vérifier dans l’original toutes les citations que j’ai admises, sans en excepter une seule. La collaboration que m’a prêtée pour cette partie de mon travail