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BUCOLIQUES

Le travail, voilà le dieu sévère de qui tout dépend.

Sans le travail, le reste n’est rien. Je te le jure par l’expérience universelle.

Cet inconnu de la rue passe léger, heureux et souriant. Je sais pourquoi : il a bien travaillé. Et je sais pourquoi un autre s’esquive, l’allure oblique et les épaules rapprochées. Et quand une tuile te tombe sur le nez, ne cherche point la cause de sa chute. Tu récriminerais vainement et, loin de te consoler, je te dirais avec sécheresse :

— Tu ne travailles donc pas qu’il t’arrive malheur ?

Et surtout, il ne faut jamais tricher.


II


Non, ne triche pas.

Travailler, pour un écrivain, ce n’est ni lire, ni copier des notes, ni observer, ni rêvasser, ni compter ses anciennes dépenses d’énergie.