Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
BUCOLIQUES


vous diriez oui, fit Mme Corneille, du ton qu’elle prenait quand les choses allaient se gâter. Puisque notre vin n’a pas de goût, il vous déplaît donc ? J’aime mieux le savoir. J’irai vous en chercher du meilleur.

— Pour ne pas mentir, maîtresse, il a un petit goût suret, mais c’est plutôt agréable, dit Philippe mal à l’aise.

Il vida le verre, mit ses sabots et retourna colorier sa charrue au soleil.

— Et après, dis-je à Philippe qui hésitait, finissez. Pourquoi, en buvant, faisiez-vous la moue ?

— Parce que, dit Philippe, la maîtresse m’avait versé, au lieu de vin, du vinaigre.

— Du vinaigre ! Ah ! ah ! mon pauvre vieux Philippe !

— Oui, de ce vinaigre rouge qu’elle fabriquait et qui emportait la mâchoire.

— Et vous ne disiez rien ?

— Je n’osais pas.

— Ce n’était qu’une erreur de Mme Corneille.

— Je ne savais pas.