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BUCOLIQUES

autres et pour elle, ne put se retenir.

— Venez boire un coup, Philippe, dit-elle bourrue.

Philippe ne prit pas le temps de s’étonner. Il vint, comme s’il obéissait à un ordre, et entra derrière Mme Corneille, après avoir quitté ses sabots. Mme Corneille tira du seau une bouteille qui rafraîchissait et elle emplit un verre.

— Avalez, dit-elle, à peine moins impérieuse que si elle eût donné de l’ouvrage.

Philippe but sans cérémonie, comme un trou dans une terre sèche, et brusquement il ôta de sa bouche le verre encore à moitié plein. Il frissonnait, les lèvres rétrécies, toussant et sourcillant.

— On croirait que vous grimacez, dit Mme Corneille. N’est-il pas bon ?

— Si, si, maîtresse, dit Philippe qui tâchait de rire.

— Vous dites si, comme vous diriez non. Le vin aurait-il un goût ?

— Non, non, maîtresse.

— Cette fois, vous dites non, comme