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BLANCHE, avec une mélancolie douloureuse, sans regarder Maurice.

Fallait-il finir si misérablement ! C’est avec des insultes que vous me quittez, quand vous êtes venu, ce soir que rien ne vous y forçait, en bon garçon désireux d’être loyal et tendre jusqu’au bout. Nous étions fiers l’un de l’autre. Les amants ne valent que par les souvenirs qu’ils se laissent et nous tâchions, c’était un joli effort, de nous laisser des souvenirs précieux. Ah ! maladroit !

MAURICE revient lentement.

Oui, maladroit. Je gâte tout. Vous ne cessez pas d’être une adorable amie et moi je ne réussis qu’à vous révolter. Je me reconnais bien là. Je me fais toujours de grandes promesses que je ne peux jamais tenir. Rien ne me changera. Je prévois que je ne tourmenterai pas qu’une femme dans ma vie, et pour continuer, dès que je vous aurais quittée, j’irai, comme vous le disiez tout à l’heure, retrouver l’autre, celle qui m’attend là-bas, et si elle n’est pas un ange de docilité, sincèrement je la plains.

BLANCHE

Voilà que vous vous noircissez. Au fond, vous n’êtes pas méchant, mais quelquefois vous éprouvez du plaisir à dire des choses dures.

MAURICE

Si vous croyez que ça m’amuse toujours !

BLANCHE

Je sais que vous ne les pensez pas.