Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/176

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— Avez-vous vu la Cave de Bîme, papa Iaudi ?

— Une fois. Il m’a fallu écarter les orties. En plein jour elle se cache et n’est pas méchante. Mais si quelqu’un passe devant, la nuit, elle l’attire, l’avale comme une gueule.

— Oh ! oh ! fit Pauline. Elle les mange, quoi !

— Pourquoi fais-tu : « Oh ! oh ! » Pauline ? Elle en a mangé de plus grosses que toi.

— Ça prend, ces histoires-là, quand on est petit, dit Pauline.

— Tu es toujours petite pour un vieux comme moi, et à mon âge, j’ai encore peur de bien des choses. Où sont les disparus du pays ? Dans la Cave de Bîme, pour sûr, égarés, perdus !

— Pauline est une libertine, dit une vieille. Sait-elle seulement où se trouve la Cave de Bîme ?

— Oui, là-bas, vers la rivière, dit Pauline. J’ai regardé dedans, moi aussi. C’est un trou, voilà tout, un puits qui n’a pas d’eau, où des grenouilles crèveraient.