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Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/177

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— Tu as regardé dedans, la nuit ?

— La nuit, je dors, dit Pauline.

— Le jour, on fait le malin, reprit papa Iaudi. C’est la nuit qu’on a peur. On a un peu moins peur quand la lune éclaire. Tenez, ce soir, teilleriez-vous du chanvre dans ma cour, autour de moi, paisibles, si Elle n’était pas là ?

Les veilleurs levèrent la tête du côté de la Grande Veilleuse. Ceux qui lui tournaient le dos pivotèrent sur leurs chaises. Elle était là, proche et discrète, avec sa bonne face humaine, comme venue exprès pour écouter Iaudi. Sa lumière abondante, dont profitait le ciel entier, ne fatiguait pas les yeux. Et pourtant, on y voyait très bien. On aurait lu de l’imprimé.

— J’aime mieux la lune que le soleil ! dit une femme.

Tous, fiers de pouvoir la fixer, lui sourirent, tranquillisés. Ils nelui posèrent pas de questions. Ils la contemplaient, malgré les progrès de la science, comme une gardienne au visage plein, non comme un