Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/296

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CHLOÉ. — Et les nôtres seront malheureux.

DAPHNIS. — Ne te remarie pas. Toutefois, si tu restes veuve par peur, quel mérite auras-tu ?

CHLOÉ. — Ne parlons plus de ces choses. Elles attristent.

DAPHNIS. — À ton gré. Je m’y habitue.

CHLOÉ. — Pourquoi ce ton d’ironie fausse et fatigante ? Tu crains la mort comme les autres et ton tour viendra.

DAPHNIS. — Je le céderai aussi souvent que possible. Je jetterai mon numéro par terre et l’écraserai du pied.

CHLOÉ. — Grand bête ! Réflexion faite, toi parti, je me consacrerai à mes enfants ; je les élèverai moi-même, je leur apprendrai à lire.

DAPHNIS. — Toute leur vie ?

CHLOÉ. — Non, hélas ! mais je m’engage à leur suffire quelques années. Rien ne leur manquera. Ta présence ne sera pas indispensable.

DAPHNIS. — Si j’allais me promener !

CHLOÉ. — Cesse de me taquiner, je t’en supplie. Laisse-moi finir. Oui, je me charge