Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En effet, elle les avala coup sur coup et dit :

— Eh bien ! quoi ? Qu’est-ce que tu lui trouves, à ce gâteau ? Un peu fait, peut-être.

Mais elle n’en reprit pas. Elle se désolait, allait pleurer, quand M. Bornet eut une idée :

— Écoute. Il y a longtemps que tu n’as rien offert au concierge, et j’ai observé que, depuis le Jour de l’an, ses prévenances diminuent. Privons-nous. Donnons-lui le gâteau. Nous avons la vie devant nous, pour nous en payer d’autres, n’est-ce pas ?

— Au moins, remets ta part, dit Mme Bornet.

Ils firent monter le concierge.

Après les compliments d’usage :

— Voulez-vous me permettre de vous offrir ceci, dit M. Bornet, en lui tendant l’assiette.

— Vous êtes trop charitables, dit le concierge, mais ça va vous manquer.

— Que non ! dit M. Bornet. J’en ai jusque-là.

Il pesa sur sa pomme d’Adam et tira la langue.