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MERLE !

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Dans mon jardin il y a un vieux noyer presque mort qui fait peur aux petits oiseaux. Seul un oiseau noir habite ses dernières feuilles.

Mais le reste du jardin est plein de jeunes arbres fleuris où nichent des oiseaux gais, vifs et de toutes les couleurs.

Et il semble que ces jeunes arbres se moquent du vieux noyer. À chaque instant, ils lui lancent, comme des paroles taquines, une volée d’oiseaux babillards.

Tour à tour, pierrots, martins, mésanges et pinsons le harcèlent. Ils choquent de l’aile la pointe de ses branches. L’air crépite de leurs cris menus ; puis ils se sauvent, et c’est une autre bande importune qui part des jeunes arbres.

Tant qu’elle peut, elle nargue, piaille, siffle et s’égosille.

Ainsi de l’aube au crépuscule, comme des mots railleurs, pinsons, mésanges, martins et pierrots s’échappent des jeunes arbres vers le vieux noyer.

Mais parfois il s’impatiente, il remue ses dernières feuilles, lâche son oiseau noir et répond :

« Merle ! »

Le Geai. — Toujours en noir, vilain merle !

Le Merle. — Monsieur le sous-préfet, je n’ai que ça à me mettre.


LE PERROQUET

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Pas mal ! et il avait bien quelque mérite au temps où les bêtes ne parlaient pas, mais aujourd’hui toutes les bêtes ont du talent.