Aller au contenu

Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fait ciller les paupières. Chaque mari se braque sur la femme du voisin et oublie la sienne. On s’amuse.

Les dames aussi s’amusent. Quand un homme sort de l’eau, ruisselant, les cheveux pleureurs, moulé ou de pauvre académie, elles savent apprécier, sourire, tousser. C’est entre les deux sexes un discret échange d’attitudes. Un peignoir s’ouvre au moment où les attentions sont fixes, se ferme à la façon des burnous. Des gorges baillent, des reins roulent et se croisent.

Nous jouons en outre au jeu de l’ensevelissement. Une baigneuse se couche, et des mains actives travaillent à la recouvrir de sable. Les principales élévations sont les pieds et les seins. Un frétillement, un soupir, et tout s’écroule. Il faut appeler à l’aide. La plage entière s’y met et se partage l’ouvrage. Un monsieur prend une cuisse pour lui, un autre se réserve le ventre. Deux associés unissent leurs efforts autour des hanches. On fait la chaîne, comme dans les incendies. La baigneuse lutte contre tous avec des éclats de rire qui la secouent. C’est doux, c’est chaud, c’est bon.