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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/260

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Le combat s’engage par de petites tapes vite lancées, aussitôt rendues. Les coups de poing suivent, enfin l’empoignement. Elle me donne de la tête en plein estomac. Je mets la main sur mon cœur, j’aspire une bouffée d’air, et je dis : « Fameux ! »

Dans les entr’actes, nous faisons rouler nos biceps ; puis on se reprend, front contre front, les poignets tenaillés, les jambes nouées. Si je la soulève comme un plomb, elle mord.

— « Ah ! dis-je en m’asseyant par terre, quand vous aurez un mari, ça tapera dur. »

— « J’en veux un fort ! » dit-elle.

— « Fort et gros, un percheron : de quelle couleur ? brun, naturellement ! »

— « Non, plutôt noir, avec de la barbe ! »

— « Vous n’aimez pas les rouges ? »

— « On dit qu’ils sentent mauvais ! »

— « Merci ! »

— « De rien. Encore une partie : voulez-vous ? »

— « Encore une ! » dis-je résigné.

Et pareils à des béliers furieux qui cossent, nous nous chassons d’un bout du jardin à l’autre, frappant du pied le sable qui crie,