Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/299

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sortent de l’armoire d’extraordinaires chapeaux hauts de forme, qu’ils portent aux premières communions, aux mariages, et parfois le dimanche quand la pêche de la semaine a été bonne. Les vieilles femmes ont des journaux neufs pour se garantir du soleil. Les mâts agitent leurs drapeaux. On va lancer à la mer le canot de sauvetage. Le brigadier de la douane mettra en joue le fusil porte-amarre. Des courses auront lieu de nageurs, de voiliers, de canards, en sac, à dos d’âne. Des gymnasiarques feront le soleil et des tas de résine également espacés sur la jetée, attendent que la nuit vienne. Talléhou fait briller ses maisons blanchies par le sel de mer.

Nous avons invité à déjeuner les pêcheurs Cruz. La femme ne touche à rien. Le mari mange sans s’arrêter. Il a mis sa serviette par terre.

— « Mais c’est pour vous ! »

— « Jamais je m’en sers et je veux pas la salir ! »

— « Tais-toi, grand niais ! » lui dit sa femme.

Elle a enfoncé la corne de la sienne dans sa